Permettre le soulagement de la douleur : transformer le rôle de la neurostimulation électrique transcutanée (TENS) dans la gestion de la douleur persistante et les soins autoadministrés

July 8, 2024

La douleur persistante peut être difficile à traiter. Parmi les nombreuses stratégies de traitement de la douleur non pharmacologiques, la neurostimulation électrique transcutanée (TENS) est l’une des modalités les plus appliquées.

Article publié originalement dans l'infolettre de l'Association canadienne de physiothérapie.


On sait que la TENS réduit la douleur en activant les mécanismes naturels de contrôle de la douleur comme le portillon ou les contrôles inhibiteurs diffus (Bélanger, 2022; Watson, 2020). Certaines études suggèrent que la TENS réduit l’excitabilité centrale et restaure l’inhibition avec un usage répété (Sluka et al., 2006, 2013; Sluka & Chandran, 2002; C. G. Vance et al., 2014; C. G. T. Vance et al., 2022).


En ciblant des voies neuronales précises impliquées dans le traitement de la douleur, la TENS, lorsqu’utilisée de façon stratégique, pourrait interrompre un signal de douleur inadapté dans la neuromatrice, menant à un soulagement des douleurs chroniques. Les changements induits par la TENS dans l’information sensorielle peuvent influencer les prédictions du cerveau sur la douleur, ce qui peut altérer la perception de l’intensité et de l’emplacement de la douleur (Pietrosimone et al., 2020; Sluka et al., 2013; C. G. Vance et al., 2014; C. G. T. Vance et al., 2022).


Les résultats de recherche ont démontré que la diminution du seuil de tolérance à la pression va au-delà de la région immédiate de la stimulation TENS, en plus d’une augmentation de l’acuité tactile. Ces résultats indiquent une réduction de l’excitabilité centrale et ses répercussions sur la neuromatrice de la douleur (Dailey et al., 2013; Tella et al., 2022; C. G. T. Vance et al., 2012).


Néanmoins, des changements dans le domaine de la physiothérapie semblent s’éloigner des modalités passives, passant potentiellement à côté de cet outil précieux pour la gestion de la douleur. Au cours des 30 dernières années, il y a eu un changement notable dans l’application d’agents d’électrothérapie, passant d’un usage excessif à une utilisation insuffisante en plus d’une divergence importante dans les points de vue sur leur efficacité.


Cette divergence est largement attribuable aux contraintes imposées par l’insuffisance des données provenant de recherches fondamentales de mauvaise qualité et des résultats souvent non concluants de bilans des connaissances complets, qui constituent les principales preuves sur les agents d’électrothérapie. Par conséquent, même si le scepticisme ambiant envers ces agents est compréhensible, il n’est basé sur aucun fondement solide.


Une récente méta-analyse de 381 études portant sur 24 532 participants (Johnson et al., 2022) dissipe toute incertitude persistante quant à l’efficacité de la TENS pour soulager la douleur. L’analyse globale montre aussi, dans une moindre mesure, que l’application de la TENS conventionnelle, solide et sans douleur sur ou près du site de la douleur mène à une réduction clinique importante de l’intensité de la douleur à court terme pendant et après l’application, sans qu’aucun événement indésirable grave soit signalé. Les patients doivent ajuster le traitement TENS selon leurs propres besoins (Johnson et al., 2022; C. G. T. Vance et al., 2022).     


Le manque d’acceptation généralisée de la TENS peut aussi découler du fait que la modalité n’est pas examinée dans le contexte approprié. Les chercheurs recommandent d’évaluer la technologie dans son environnement prévu (Sluka et al., 2013; Travers et al., 2020; C. G. T. Vance et al., 2022). Même si plusieurs études ont effectué des traitements avec la TENS en milieu clinique, l’approche peut restreindre l’applicabilité des résultats en ce qui a trait à la promotion de la TENS comme traitement simple, abordable et régulièrement autoadministré (Travers et al., 2020).


Les études se penchent de plus en plus sur son application dans l’autogestion et dans l’amélioration fonctionnelle (Ammendolia et al., 2019; Artuç et al., 2023; Carzoli et al., 2022; Dailey et al., 2020; French et al., 2024; Mira et al., 2020; Pietrosimone et al., 2020; Shimoura et al., 2019; C. G. Vance et al., 2014). Ces études indiquent des résultats encourageants dans l’autogestion en atténuant la douleur, la fatigue liée à la douleur et en améliorant les fonctions.


Par exemple, la TENS a montré du potentiel dans l’atténuation de la fatigue chez les personnes atteintes de fibromyalgie en réduisant la perception de la fatigue et en améliorant le niveau global d’énergie. Dans cette étude, l’utilisation active de la TENS a mené à une réduction importante de la fatigue provoquée par le mouvement comparativement aux groupes qui ont reçu la TENS placebo ou pas de TENS du tout. Cette réduction des niveaux de fatigue peut être attribuée à la modulation des voies de la douleur par la TENS et à l’activation de mécanismes endogènes d’inhibition de la douleur, ayant un effet indirect sur les niveaux de fatigue chez les patients atteints de fibromyalgie (Dailey et al., 2020).


En outre, la même étude a révélé que la TENS active menait à une réduction importante de la fatigue au repos et l’indice de fatigue générale comparativement aux groupes qui ont reçu la TENS placebo ou pas de TENS du tout. Ces conclusions suggèrent que la TENS aurait pu avoir un effet bénéfique sur le niveau de fatigue des personnes atteintes de fibromyalgie, potentiellement en atténuant la fatigue liée à la douleur et améliorant l’énergie globale et la capacité fonctionnelle.


La TENS devrait être considérée comme un complément aux soins standards pour le soulagement de la douleur à court terme puisqu’elle peut être une proposition simple et abordable pouvant être autoadministrée régulièrement à la maison ou durant les activités quotidiennes (Johnson et al., 2022; Travers et al., 2020; C. G. T. Vance et al., 2022).


Pour assurer une autogestion efficace, des conseils et de la formation de la part d’un professionnel de la physiothérapie devraient être fournis, favorisant une pratique fondée sur des données probantes et l’autonomie du patient tout en tenant compte de ses besoins biopsychologiques, de la dosimétrie et de la posologie adaptée aux signes, aux symptômes et au pronostic (Travers et al., 2020; C. G. T. Vance et al., 2022). On devrait tenir compte des comportements cognitifs inadaptés des patients et des schémas d’activité des patients lors de l’éducation des patients, afin de les guider vers une exposition graduelle aux activités avec l’utilisation de la TENS.


Par exemple, les patients présentent des signes de kinésiophobie ou des tendances d’évitement devraient incorporer la TENS durant l’exposition fonctionnelle graduelle, tandis que les patients avec des modèles de comportements persistants pourraient avoir besoin d’éducation supplémentaire sur la sensibilisation aux tâches et l’utiliser durant de courts intervalles de repos.


Lorsqu’elle est utilisée adéquatement et conformément aux lignes directrices sur la douleur chronique, la TENS peut maximiser son efficacité chez les patients qui ont besoin d’outils de gestion de la douleur pour améliorer leurs capacités fonctionnelles dans les tâches quotidiennes, les tâches ménagères et le travail. Il est de notre responsabilité d’outiller et d’éduquer les patients en leur fournissant les outils et l’éducation nécessaires sur l’utilisation appropriée.


Personnaliser notre approche pédagogique pour l’adapter à leur contexte, leurs besoins et leurs objectifs en leur donnant les moyens de prendre en charge leur parcours de gestion de la douleur ne se limite pas à leur fournir les outils et les techniques, cela leur donne aussi la confiance et l’autonomie de suivre leur propre chemin vers la gestion de la douleur.


Chez SET, notre priorité est d'accompagner vos plans de traitement avec vos patients, en mettant l'accent sur une collaboration étroite pour maximiser l'efficacité du traitement à domicile. Nous comprenons l'importance d'une communication claire et précise pour identifier et répondre aux besoins spécifiques de chaque patient.  


Grâce à notre outil de recommandation, nous facilitons l'établissement d'un plan de soins adapté en fonctions de vos objectifs thérapeutiques, renforçant ainsi les résultats de la réadaptation au bénéfice de la patiente.  


Pour explorer comment notre expertise en électrothérapie fonctionnelle peut enrichir votre pratique et améliorer le parcours de traitement de vos patients, nous vous invitons à communiquer avec l'un de nos experts 


Ensemble, progressons vers une approche complète de la clinique jusqu'au domicile de vos patientes pour un résultat optimal.  


 

Sources:

Ammendolia, C., Côté, P., Rampersaud, Y. R., Southerst, D., Schneider, M., Ahmed, A., Bombardier, C., Hawker, G., & Budgell, B. (2019). Effect of active TENS versus de-tuned TENS on walking capacity in patients with lumbar spinal stenosis : A randomized controlled trial. Chiropractic & Manual Therapies, 27, 24. https://doi.org/10.1186/s12998-019-0245-z

Artuç, Ş. E., Uçkun, A. Ç., Sivas, F. A., Yurdakul, F. G., & Bodur, H. (2023). Comparison of the effects of transcutaneous electrical nerve stimulation and interferential current therapies in central sensitization in patients with knee osteoarthritis. The Korean Journal of Pain, 36(3), 392‑403. https://doi.org/10.3344/kjp.23118

Bélanger, A. (2022). Therapeutic Electrophysical Agents : Evidence Behind Practice : An Evidence-Based Handbook (4e éd.). Wolters Kluwer.

Carzoli, J. P., Alenazy, M., Richmond, S. B., & Enoka, R. M. (2022). Bursting TENS increases walking endurance more than continuous TENS in middle-aged adults. Journal of Electromyography and Kinesiology: Official Journal of the International Society of Electrophysiological Kinesiology, 63, 102644. https://doi.org/10.1016/j.jelekin.2022.102644

Dailey, D. L., Rakel, B. A., Vance, C. G. T., Liebano, R. E., Amrit, A. S., Bush, H. M., Lee, K. S., Lee, J. E., & Sluka, K. A. (2013). Transcutaneous electrical nerve stimulation reduces pain, fatigue and hyperalgesia while restoring central inhibition in primary fibromyalgia. Pain, 154(11), 2554‑2562. https://doi.org/10.1016/j.pain.2013.07.043

Dailey, D. L., Vance, C. G. T., Rakel, B. A., Zimmerman, M. B., Embree, J., Merriwether, E. N., Geasland, K. M., Chimenti, R., Williams, J. M., Golchha, M., Crofford, L. J., & Sluka, K. A. (2020). Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation Reduces Movement‐Evoked Pain and Fatigue : A Randomized, Controlled Trial. Arthritis & Rheumatology, 72(5), 824‑836. https://doi.org/10.1002/art.41170

French, H. P., Cunningham, J., Galvin, R., & Almousa, S. (2024). Adjunctive electrophysical therapies used in addition to land-based exercise therapy for osteoarthritis of the hip or knee : A systematic review and meta-analysis. Osteoarthritis and Cartilage Open, 6(2), 100457. https://doi.org/10.1016/j.ocarto.2024.100457

Johnson, M. I., Paley, C. A., Jones, G., Mulvey, M. R., & Wittkopf, P. G. (2022). Efficacy and safety of transcutaneous electrical nerve stimulation (TENS) for acute and chronic pain in adults : A systematic review and meta-analysis of 381 studies (the meta-TENS study). BMJ Open, 12(2), e051073. https://doi.org/10.1136/bmjopen-2021-051073

Mira, T. A. A., Yela, D. A., Podgaec, S., Baracat, E. C., & Benetti-Pinto, C. L. (2020). Hormonal treatment isolated versus hormonal treatment associated with electrotherapy for pelvic pain control in deep endometriosis : Randomized clinical trial. European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, 255, 134‑141. https://doi.org/10.1016/j.ejogrb.2020.10.018

Pietrosimone, B., Luc-Harkey, B. A., Harkey, M. S., Davis-Wilson, H. C., Pfeiffer, S. J., Schwartz, T. A., Nissman, D., Padua, D. A., Blackburn, J. T., & Spang, J. T. (2020). Using TENS to Enhance Therapeutic Exercise in Individuals with Knee Osteoarthritis. Medicine & Science in Sports & Exercise, 52(10), 2086‑2095. https://doi.org/10.1249/MSS.0000000000002353

Shimoura, K., Iijima, H., Suzuki, Y., & Aoyama, T. (2019). Immediate Effects of Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation on Pain and Physical Performance in Individuals With Preradiographic Knee Osteoarthritis : A Randomized Controlled Trial. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 100(2), 300-306.e1. https://doi.org/10.1016/j.apmr.2018.08.189

Sluka, K. A., Bjordal, J. M., Marchand, S., & Rakel, B. A. (2013). What Makes Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation Work? Making Sense of the Mixed Results in the Clinical Literature. Physical Therapy, 93(10), 1397‑1402. https://doi.org/10.2522/ptj.20120281

Sluka, K. A., & Chandran, P. (2002). Enhanced reduction in hyperalgesia by combined administration of clonidine and TENS. Pain, 100(1‑2), 183‑190. https://doi.org/10.1016/s0304-3959(02)00294-4

Sluka, K. A., Lisi, T. L., & Westlund, K. N. (2006). Increased Release of Serotonin in the Spinal Cord During Low, But Not High, Frequency Transcutaneous Electric Nerve Stimulation in Rats With Joint Inflammation. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 87(8), 1137‑1140. https://doi.org/10.1016/j.apmr.2006.04.023

Tella, B. A., Oghumu, S. N., & Gbiri, C. A. O. (2022). Efficacy of Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation and Interferential Current on Tactile Acuity of Individuals With Nonspecific Chronic Low Back Pain. Neuromodulation: Technology at the Neural Interface, 25(8), 1403‑1409. https://doi.org/10.1111/ner.13522

Travers, M. J., O’Connell, N. E., Tugwell, P., Eccleston, C., & Gibson, W. (2020). Transcutaneous electrical nerve stimulation (TENS) for chronic pain : The opportunity to begin again. Cochrane Database of Systematic Reviews. https://doi.org/10.1002/14651858.ED000139

Vance, C. G., Dailey, D. L., Rakel, B. A., & Sluka, K. A. (2014). Using TENS for pain control : The state of the evidence. Pain Management, 4(3), 197‑209. https://doi.org/10.2217/pmt.14.13

Vance, C. G. T., Dailey, D. L., Chimenti, R. L., Van Gorp, B. J., Crofford, L. J., & Sluka, K. A. (2022). Using TENS for Pain Control : Update on the State of the Evidence. Medicina (Kaunas, Lithuania), 58(10), 1332. https://doi.org/10.3390/medicina58101332

Vance, C. G. T., Rakel, B. A., Blodgett, N. P., DeSantana, J. M., Amendola, A., Zimmerman, M. B., Walsh, D. M., & Sluka, K. A. (2012). Effects of Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation on Pain, Pain Sensitivity, and Function in People With Knee Osteoarthritis : A Randomized Controlled Trial. Physical Therapy, 92(7), 898‑910. https://doi.org/10.2522/ptj.20110183

Watson, T. (2020). Electrotherapy Evidence-Based Practice (13e éd.). Elsevier.

Connectez avec nous sur les médias sociaux

par Hélène Lamoureux 3 juin 2025
Imaginez vivre avec une douleur constante. Elle ne vous quitte jamais tout à fait. Parfois sourde, parfois vive, elle colore vos journées et hante vos nuits. Ce mal persistant vous empêche de bouger comme vous le voudriez, de travailler, de dormir, ou simplement de profiter d’un moment calme. Avec le temps, vous devenez plus fatigué, plus irritable, plus replié. Vous vous sentez seul, découragé, parfois même incompris. Et si ce n’était pas juste la douleur… mais tout ce qu’elle entraine autour? Ce scénario, qui est loin d’être rare, reflète le quotidien de nombreuses personnes aux prises avec la douleur chronique. Ce qui est moins souvent reconnu — même dans les milieux de soins — c’est à quel point la santé mentale et la douleur physique s’entrelacent. Elles interagissent, se nourrissent, et parfois, s’entremêlent dans un cercle vicieux difficile à briser. Ce lien entre douleur chronique et troubles de santé mentale comme l’anxiété, la dépression ou le stress post-traumatique est aujourd’hui largement documenté. Pourtant, comme le soulignent Bhatt et ses collègues (2024), « il n’y a souvent aucune reconnaissance explicite du rôle des comorbidités et de la relation bidirectionnelle entre la santé mentale et la douleur. » Les comorbidités désignent la présence simultanée de plusieurs troubles de santé qui peuvent interagir et se renforcer mutuellement. Dans ce cas précis, cela fait référence à la coexistence de la douleur chronique et des troubles mentaux. Cela signifie que, même lorsque les deux problèmes sont présents, ils sont souvent traités séparément, comme s’ils n’étaient pas liés. Et pourtant… La douleur chronique augmente le risque de développer des troubles dépressifs, anxieux ou de sommeil. Une mauvaise santé mentale, elle, peut amplifier la douleur, diminuer la tolérance physique et émotive, et nuire aux traitements. Ensemble, elles peuvent affaiblir la motivation, réduire la mobilité, altérer les relations sociales, et même compromettre le maintien en emploi. Cette combinaison, que l’on peut appeler double fardeau, est bien plus qu’une addition de symptômes : c’est un état de vulnérabilité prolongé qui demande une attention urgente. Une double peine encore trop peu reconnue Cette combinaison de douleur chronique et de détresse psychologique est souvent invisible pour l’entourage — et malheureusement aussi pour les systèmes de soins. Trop souvent, les approches thérapeutiques sont cloisonnées : d’un côté, on traite la douleur physique, de l’autre, les troubles de l’humeur, sans pont entre les deux. Pourtant, les données sont claires : ces problèmes ne sont pas juxtaposés, ils sont interconnectés. Par exemple, les personnes vivant avec un trouble bipolaire ont deux fois plus de risque de souffrir de douleur chronique que la population générale (Nicholl et al., 2014). Ces personnes sont aussi plus à risque d’exclusion sociale et professionnelle. D’ailleurs, les personnes touchées par cette double réalité contribuent à elles seules à des taux plus élevés d’absentéisme (être souvent en arrêt de travail) et de présentéisme (être au travail mais avec une efficacité diminuée). Malgré cela, comme le souligne Bhatt et al., « la douleur n’est pas normalement évaluée chez les personnes ayant des troubles de santé mentale », et l’inverse est aussi vrai : de nombreuses personnes souffrant de douleur chronique vivent avec une détresse psychologique non diagnostiquée, non reconnue… et donc non traitée. Quand la douleur et le stress deviennent nuisibles Mais que se passe-t-il lorsque ces réactions surviennent trop souvent ou persistent ? Au départ, la douleur nous aide à éviter le danger. Mais lorsque la douleur devient chronique, elle perd son rôle protecteur et devient un problème en soi. Imaginez un peu : la douleur qui ne cesse de revenir, même sans raison apparente, finit par envahir notre quotidien. Elle peut entraîner une fatigue intense, des troubles du sommeil, et nuire à notre humeur. Le stress, lui, peut également devenir néfaste. Si un stress aigu peut nous motiver à affronter une situation difficile, un stress prolongé peut perturber notre santé physique et mentale. Il affaiblit notre système immunitaire, provoque de l'anxiété, et peut mener à des problèmes de concentration ou de dépression. Le stress chronique est un véritable piège : il transforme un mécanisme de survie en un fardeau permanent. Quand on ne traite qu’un côté de l’équation En ignorant une des deux dimensions — mentale ou physique —, on risque des échecs thérapeutiques répétés. Un plan d’intervention qui mise uniquement sur l’activité physique, sans tenir compte d’un état dépressif, peut être mal reçu ou difficile à suivre. À l’inverse, une thérapie psychologique qui néglige une douleur persistante et invalidante peut sembler déconnectée de la réalité vécue par la personne. Ce constat peut sembler décourageant, mais il ouvre aussi la voie à des solutions. Des pistes pour sortir du cercle vicieux Briser la spirale entre douleur et santé mentale n’est pas simple, mais c’est possible. Et surtout : ce n’est pas qu’une affaire de volonté individuelle. C’est un défi collectif, clinique et sociétal. Voici quelques leviers concrets qui peuvent faire une réelle différence. 1. Penser en termes d’interactions, pas de compartiments La première étape est de reconnaître explicitement le lien entre douleur et santé mentale. Cela veut dire former les professionnels de la santé à poser les bonnes questions, à aborder les sujets sensibles sans jugement, et à utiliser des outils qui tiennent compte de l’ensemble de la personne. Par exemple, des outils à valeur pronostique qui permettent aux cliniciens en réadaptation d’identifier les facteurs biopsychosociaux qui influencent le rétablissement, y compris l’humeur, la motivation, la peur du mouvement ou le soutien social. (Tousignant-Laflamme et al., 2023) 2. Favoriser les soins intégrés et interdisciplinaires Les soins les plus efficaces sont souvent ceux qui réunissent plusieurs perspectives : la physiothérapie, la psychologie, la médecine, le travail social, etc. Ensemble, ces approches permettent d’intervenir à la fois sur le corps, le vécu émotionnel et le contexte de vie. C’est ce qu’on appelle l’approche biopsychosociale, qui vise à comprendre comment ces trois sphères interagissent chez chaque personne. Elle est particulièrement pertinente pour les gens vivant avec une douleur chronique, car leur situation ne se résume ni à une blessure, ni à un trouble mental isolé. 3. Encourager des stratégies concrètes et accessibles Des interventions simples peuvent avoir un impact significatif sur le bien-être, surtout lorsqu’elles sont accompagnées et personnalisées : Exercice physique graduel et adapté Programmes de conscience corporelle (yoga, Tai Chi, respiration) Activités de relaxation ou de pleine conscience Thérapies cognitivo-comportementales pour mieux gérer la douleur et les émotions Éducation sur la douleur , pour démystifier et reprendre du pouvoir d’agir Ces approches sont encore sous-utilisées, souvent à cause du manque de formation ou de ressources, mais elles sont soutenues par la littérature scientifique. 4. Lutter activement contre la stigmatisation Trop souvent, les personnes vivant avec des douleurs chroniques ou des troubles psychologiques se sentent jugées, ignorées ou banalisées. Cette stigmatisation empêche de demander de l’aide ou d’avoir accès à des soins adéquats. (Roughan et al., 2021) Des campagnes de sensibilisation, des formations pour les intervenants et des témoignages de personnes vivant ces réalités peuvent briser l’isolement et favoriser une culture de soins plus humaine. 5. Reconnaître l’importance des rôles sociaux et du travail Le travail n’est pas qu’un moyen de gagner sa vie : il contribue à l’identité, à l’estime de soi et au lien social. Bhatt et al. rappellent que de bonnes conditions de travail peuvent avoir un effet protecteur sur la santé mentale, même en présence de douleur. Cela suppose de soutenir le retour progressif au travail, d’adapter les tâches si nécessaire, et de valoriser les autres rôles sociaux de la personne (parent, proche aidant, bénévole…). (Bhatt et al., 2024) Un regard plus large, une réponse plus humaine La douleur chronique n’est pas qu’un symptôme physique. Et la détresse psychologique ne se soigne pas uniquement par la parole. Ce sont des réalités complexes, enracinées dans le vécu, le corps, le contexte de vie. Vouloir traiter l’un sans l’autre, c’est risquer d’échouer. Mais reconnaître leur interaction, c’est ouvrir la porte à des soins plus complets, plus justes, plus efficaces. Références: · Bhatt, K., Palomares, A. C., Jutila, L., Rohde, I., Forget, P., & Societal Impact of Pain Platform (SIP). (2024). The pain and mental health comorbidity. Epidemiology and Psychiatric Sciences, 33, e46. https://doi.org/10.1017/S204579602400057X · Nicholl, B. I., Mackay, D., Cullen, B., Martin, D. J., Ul-Haq, Z., Mair, F. S., Evans, J., McIntosh, A. M., Gallagher, J., Roberts, B., Deary, I. J., Pell, J. P., & Smith, D. J. (2014). Chronic multisite pain in major depression and bipolar disorder : Cross-sectional study of 149,611 participants in UK Biobank. BMC Psychiatry, 14, 350. https://doi.org/10.1186/s12888-014-0350-4 · Roughan, W. H., Campos, A. I., García-Marín, L. M., Cuéllar-Partida, G., Lupton, M. K., Hickie, I. B., Medland, S. E., Wray, N. R., Byrne, E. M., Ngo, T. T., Martin, N. G., & Rentería, M. E. (2021). Comorbid Chronic Pain and Depression : Shared Risk Factors and Differential Antidepressant Effectiveness. Frontiers in Psychiatry, 12, 643609. https://doi.org/10.3389/fpsyt.2021.643609 · Tousignant-Laflamme, Y., Houle, C., Longtin, C., Gérard, T., Lagueux, E., Perreault, K., Beaudry, H., Tétreault, P., Blanchette, M.-A., & Décary, S. (2023). Prognostic factors specific to work-related musculoskeletal disorders : An overview of recent systematic reviews. Musculoskeletal Science and Practice, 66, 102825. https://doi.org/10.1016/j.msksp.2023.102825
par Hélène Lamoureux 30 mai 2025
La douleur et le stress: deux alliés pouvant devenir des ennemis
par Annie Bélanger 30 avril 2025
La réadaptation après une blessure ou une chirurgie du ligament croisé antérieur (LCA) peut représenter un défi majeur pour les professionnels de la santé, qui doivent aider les patients à restaurer rapidement la force musculaire et la fonction du genou.
Électrothérapie Employés
par Natalie Dzepina 3 juin 2024
Des millions de Canadiens souffrent de douleur, avec environ 1 personne sur 5 touchée par la douleur persistante. En 2018, l'absentéisme au Québec représentait 7 % du temps de travail, coûtant entre 16 et 17 milliards de dollars aux entreprises.
par Annie Bélanger T.Phys., DESS en pratique de la réadaptation 27 mai 2024
Vous souffrez de douleur au bas du dos? Les douleurs lombaires, aussi connues sous le nom de lombalgies, sont un problème musculosquelettique courant et récurrent tout au long de la vie.  En effet, jusqu'à 84 % des individus pourraient connaître une douleur lombaire, et environ 55 % auront au moins 10 épisodes douloureux au cours de leur vie.
par Annie Bélanger T.Phys., DESS en pratique de la réadaptation 27 mai 2024
Les troubles musculosquelettiques constituent une préoccupation majeure de santé publique, affectant significativement la qualité de vie des individus et générant des coûts considérables pour le système de santé. (Collette et al., 2013)
rééducation pelvienne
par Annie Bélanger T.Phys., DESS en pratique de la réadaptation 13 mars 2024
Face à la complexité et la diversité des troubles du plancher pelvien, affectant jusqu'à 47% des femmes globalement, la recherche de solutions efficaces est primordiale. Ces affections, souvent sous-diagnostiquées, ont un impact profond sur la qualité de vie, entravant le bien-être physique et mental, et peuvent mener à l'isolement social. Cet article explore des approches novatrices pour la rééducation pelvienne, en mettant un accent particulier sur l'application de l'électrothérapie à domicile. En intégrant des méthodes innovantes comme l'électrothérapie fonctionnelle, nous visons à améliorer l'accès aux soins et à offrir des stratégies personnalisées répondant aux besoins uniques de chaque femme, tout en soulignant l'importance d'une collaboration étroite entre les patientes et les professionnels de la santé pour optimiser les résultats de la rééducation pelvipérinéale.
par Natalie Dzepina 12 mars 2024
Le présentéisme, un terme encore méconnu de certains dirigeants et professionnels des ressources humaines, représente pourtant une problématique coûteuse pour les entreprises de toutes tailles. Cet article vise à démystifier ce concept, à en expliquer les coûts associés pour les organisations et à souligner l'importance d'adopter des solutions efficaces pour y remédier.
incontinence urinaire
par Annie Bélanger T.Phys., DESS en pratique de la réadaptation 11 mars 2024
Cet article explore l'incontinence urinaire post-accouchement, un problème fréquent mais souvent tabou parmi les femmes actives. Malgré l'efficacité relative des exercices de Kegel, plusieurs femmes ne les réalisent pas correctement, ce qui peut aggraver la situation. La consultation d'un professionnel en physiothérapie pelvienne est cruciale pour une rééducation adéquate. Cet article met également en lumière comment l'électrothérapie à domicile, en complément de la rééducation professionnelle, peut offrir une solution innovante pour améliorer la qualité de vie des femmes confrontées à ce défi, soulignant l'importance d'une approche bien guidée et personnalisée.
par Annie Bélanger T.Phys., DESS en pratique de la réadaptation 26 septembre 2023
Mon nom est Marie-Pierre Fournier. Je suis technologue en physiothérapie depuis huit ans et propriétaire d’une clinique depuis presque trois ans.